Implanter une approche intrapreneuriale favorise le recrutement et la rétention du personnel, en plus d’améliorer la performance et la compétitivité de l’entreprise.
Si l’intrapreneuriat possède bel et bien ces dons multiples, alors pourquoi ne voit-on pas davantage d’entreprises avec des programmes d’intrapreneuriat au Québec ? La réponse se trouve du côté de la culture managériale.
Enjeux managériaux de l’intrapreneuriat.
Embrasser l’intrapreneuriat équivaut à se jeter dans le vide, pour beaucoup de gestionnaires attachés à une gestion opérationnelle et tactique. Insécurisant, certes, mais également extrêmement difficile à digérer sur le plan de l’ego. Pourquoi ? Parce que l’intrapreneuriat implique que les gestionnaires deviennent des pourvoyeurs de ressources et des ouvreurs de portes, humblement au service des intrapreneurs de leur équipe.
La pyramide inversée et le style de gestion « bottom up » ne font pas le poids contre l’intrapreneuriat. Cela dit, trop des gestionnaires prétendent avoir intégré ces principes élémentaires qui datent de 1980, sans succès !
Parsemer un discours managérial des mots «agilité» et «innovation», sans que l’organisation soit capable de libérer le potentiel des employés, ça relève du rayon des cosmétiques managériaux ! Une telle approche crée une dissonance, qui va à l’encontre de l’effet souhaité, et pousse les employés en dehors des murs de l’organisation.
Bien que l’intrapreneuriat cible ultimement l’employé, l’habilitation à la démarche intrapreneuriale concerne les gestionnaires. L’employé rempli d’idées et de détermination a surtout besoin d’espace, de ressources et de confiance. Lorsqu’on implante une approche intrapreneuriale, le réel défi de transformation se situe du côté des gestionnaires.
C’est pour raison que l’une des compétences-clés à développer chez les gestionnaires qui souhaitent implanter une approche intrapreneuriale, c’est d’apprendre à désencadrer l’employé. Retirer des couches de contrôle, pour se mettre au service du rayonnement de l’employé-intrapreneur et surtout, pour le ou la ressourcer correctement.
Le gestionnaire qui embrasse la démarche intrapreneuriale devient en quelque sorte l’agent de l’employé qui porte un projet. Il fait preuve de créativité pour dégager des alignements naturels entre les réalisations de l’employé et la stratégie globale. Gardien des valeurs, le gestionnaire ouvre les vannes des possibilités sur le plan opérationnel. Il laisse l’employé tracer son chemin au sein de l’organisation, et il l’accompagne.
Quelques principes d’intrapreneuriat.
Concrètement, qu’est-ce que ça signifie, désencadrer ? Voici quelques pistes pour clarifier le concept :
- Réallouer des budgets plus souples aux projets,
- Déléguer la gestion des projets à leurs porteurs,
- Créer des rôles décisionnels chez les intrapreneurs,
- Offrir des espaces de rayonnement aux intrapreneurs,
- Représenter les intérêts des intrapreneurs dans les instances de gouvernances supérieures, et non l’inverse,
- Subordonner les intérêts du département à ceux de l’organisation,
- Subordonner les intérêts de l’organisation à ceux des employés-intrapreneurs.
Souvent, ce dernier point fait réagir. Comment peut-on subordonner les intérêts de l’organisation à ceux des employés-intrapreneurs ? Au fait, avons-nous réellement le choix ? Les intrapreneurs sont d’excellents créateurs de valeur pour l’organisation, mais s’ils sont contraints, retenus ou mis dans l’ombre, ils iront rayonner ailleurs. En prime, ils apporteront le savoir et le savoir-faire ailleurs, surtout que leurs idées auront eu le temps de maturer. La perte est plus grande lorsqu’il s’agit d’intrapreneurs. Il faut en être conscient. Il y a donc un moment charnière dans l’aventure intrapreneuriale, où le gestionnaire doit conférer son espace à l’intrapreneur qui a fait ses preuves. Dans ce cas, nous pouvons parler d’essaimage ou d’autres modèles d’intrapreneuriat plus avancés. Nous aurons la chance d’en reparler dans d’autres articles.
Il faut donc retenir que l’intrapreneuriat a un immense potentiel, qui se joue notamment sur l’attractivité de l’employeur chez les futurs employés et sur la performance organisationnelle. Également, retenons que son implantation est tributaire de la transformation profonde de la culture managériale en place.
Alors, êtes-vous prêts à enover ?